Amnémosyum


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Anamnèse 1

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Message par Amnémosyum Sam 21 Nov - 21:53

Anamnèse évaporée


Dans les sables du temps d'Amnemosya s'écoulaient des rivières de mémoires s'infiltrant entre les dunes jusqu'au cœur du monde. Fleuves de souvenances venant se perdre dans les ergs et les regs avant de s'évaporer comme des parfums inconnus, ne laissant dans leur sillage qu'une impalpable fragrance de nostalgie des mondes oubliés. Le regret de vies enfuies, de rires et de pleurs dont un imperceptible écho faisait encore frémir les âmes, pour peu qu'elles soient sensibles. Mais certaines avaient cultivé ce talent à entrevoir et percevoir l'indicible et lorsque la magie s'éveilla à nouveau, ceux-là qui avaient été les poètes et les fous, les visionnaires et les prophètes retrouvèrent les traces, les fantômes, et les rêves et reconstruisirent dans le futur l'anamnèse.

Pourtant ce temps n'était pas encore.

Pour l'heure le vent soufflait sur ce monde désolé, ou l'eau disparaissait sans laisser de buée, mais pas avant d'avoir roulé les galets dans ses draps mouvants fait d'innombrables lits sinuant entre des falaises, et les aspirants doucement dans ses ondoiements. Pas avant non plus d'avoir fait briller le poli d'un éclat de marbre blanc, ou bien d'avoir donné cette touche humide sombre à un ocre avant de le faire fondre en rivière de sang minéral.

C'est sur ce monde désolé que venait en pèlerinage les mnémosystes, seuls à pouvoir lire, entendre et voir l'exubérance luxuriante de la vie dans les strates fossilisées, et à retrouver le cheminement incertain qui mena la pierre de la montagne jusqu'aux rivages d'une mer qui n'a plus de vagues que celles que forment le sel cristallisé, en écume à jamais figée, liserés répétant à l'infini son motif jusqu'à n'être plus au loin qu'un miroir gigantesque, d'un blanc aveuglant.

Ses robes amples tourbillonnaient autour de ses jambes, les bordures ornées et empoussierées frôlaient ses chevilles puis les quittaient, entre caresse et coups de fouet, serpents familiers dont le sifflement l'accompagnaient à chaque pas. Il avait marché tout le jour, et la nuit aussi, et le jour revenu encore. La fatigue et le sommeil étaient ici des notions à dépendances variables, et son esprit créait son chemin à travers ces obstacles comme son corps d'ici à travers le labyrinthe invisible qui l'amènerait à destination, quelle qu'elle soit.

Ses sens exploraient le paysage, absorbant les informations comme le sable absorbe l'eau, mais de même sans se laisser corrompre par le fluide des impressions qui indiquaient tout autant le vrai chemin que des milliers d'autres, possibles ou impossibles, il les laissaient passer au travers de sa conscience. Là était tout à la fois le trésor et le piège, la découverte et la perte. Mais le mnémosyste avançait, contournait, gravissait et redescendait, virait pour mieux revenir droit sur son but, et peu à peu le paysage devint ce qu'il devait être alors que le voyageur avait depuis longtemps abandonné le souvenir du temps comme un bagage devenu inutile et encombrant dans cette traversée.


Les coulures d'or, de granit et d'aube furent soudain éteintes, comme soufflées instantanément par un courant d'air si brièvement brutal que l'absence totale de couleur, un vide sensoriel qui n'était même pas le noir, fut la seule perception possible, faisant manquer un battement au cœur du visiteur, comme si l'air avait disparu avec la vision, et même en un certain sens le monde autour de lui, mais pas lui-même trop douloureusement conscient du spasme incontrôlable et heureusement déjà oublié lorsqu'il prit une longue inspiration volontaire, son corps l'ayant trahie au passage.

Car c'est bien de cela qu'il s'agissait, d'un seuil invisible, d'une transubstantiation épiphanique, de la transmutation alchimique, interne et externe. Le mnémosyste avait passé la porte intemporelle du Sanctuaire, et les colonnes noires dévoilaient en leur cœur des amas stellaires, dont le lent tournoiement laissait entendre la musique des sphères. Grand opéra cosmique racontant tragédies et épopées des galaxies, naissances et vies des étoiles, morts des mondes et ensemencement des univers.

Passé le désert minéral l'ombre fraîche entre les colonnades faisait ressembler à une oasis nocturne ce palais à ciel ouvert. La voûte céleste se drapait de pierreries aux chorégraphies étranges, constellations mouvantes et inconnues, vers lesquels montaient, vertigineuses, les verticales sombres des arches, libres de ne soutenir ici que le vent et l'insondable légèreté du firmament. Des bassins et des statues, des sculptures et des formes géométriquement impossibles tordaient le regard vers des galaxies insolites prises à l'intérieur, comme nageant éternellement dans une soupe cosmique qui se recréait et renaissait s'enfantant elle-même, et dont les univers en devenance n'étaient que les reflets de ses spasmes et contractions, se diluant finalement dans ses expansions.

Il lui fallait choisir maintenant le lieu et le temps du voyage parmi ces éternités d'univers.

On pourrait rester à admirer ces merveilles et mourir ici de félicité sans avoir vu passer le temps, emporté dans l'hypnose d'une contemplation démiurgique face à l'infini des possibles égrénant à jamais les noms des dieux dont les multitudes les honoraient, ou croyait le faire. Mais la silhouette un instant immobilisée par le brutal changement de paradigme avait repris son chemin, et traversant les lieux se dirigeait maintenant avec l'assurance de celui qui connait son but.

Puis d'une main sortie des ténèbres il frôla l'Ouroboros de Moebius, devant lequel ses pas l'avaient porté, et autour de lui jaillit la vie. S'échappant en un poudroiement de couleurs, de sons, de parfums, le serpent du temps l'entourait, ses ennivrement l'enveloppaient, et tout cela s'effaça lorsqu'il se recula si imperceptiblement et pourtant irrévocablement.

-«Oui, c'est bien là. Je dois agir maintenant, s'il n'est pas trop tard.»


[...]

Dans un glissement d'eau, Méduse se laissa porter vers l'onde lumineuse des phosphorescences, se dirigeant d'un battement de cils tout au plus, prise entre une vie végétale et une itinérance animale. Elle avait faim, et cette lumière la nourrirait. Plancton nutritif, gorgé de soleil, suave était le contentement à se laisser porter dans ce bain de jouvence. Méduse renaissait, et avec elle sa conscience, se différenciant peu à peu à nouveau de son milieu, reconnaissant son individualité première, et retrouvant ses souvenirs.

Quelque chose l'avait éveillée. Quelque chose avait dérangé son long sommeil, sa stase intemporelle.
Et ce quelque chose devait être détruit.

[...]

Paris, Londres, Vienne, ou une autre, en cette année 19*# toutes présentaient, des robes aux plis élégants, et des chevelures remontées en torsades, longues mèches se gonflant au-dessus d'un cou pâle, et rendu encore plus délicat par les ombres d'une coiffures où se nichaient de serpentueuses épingles, dont les pointes n'avaient point besoin de venin pour être mortelles.

A l'heure de la lune, penchée à la balustrade d'un pont , elle observait le reflet du ciel rivaliser dans l'eau noire avec celui des lanternes. Qu'il eût été agréable de rejoindre ces lueurs tremblotantes au gré des remous du courant. La brume se levait, gorgeant sa peau de la bienfaisante humidité, humectant ses lèvres, alors que le regard brillant, comme l'eau noir sous le pont, renvoyait par éclats les brillances lumineuses de la ville.

Laissant se déployer son instinct comme le prédateur flaire sa proie, elle se mit en chasse de ce qui l'avait ainsi éveillée, sortie du songe-monde.


Sur le monde du sable des possibles, le mnémosyste avait choisi une voie, et décidé d'appeler à lui les esprits réceptifs. Un conseil se tiendrait et des voyageurs incarneraient la volonté dans les feuillets de l'univers. Il avait un peu de temps, bien que ce concept ici eut un autre sens, avant d'être rejoint par les autres, et il y aurait encore plus de temps créé pour les acteurs inconscients qui iraient le long des chemins du changement sans connaître les prémices et sans souvenirs.

Ce serait un honneur pour eux bien sûr. Esprits trop fragiles pour le pouvoir de mnémosya, ils seraient les outils parfaits, car indiscernables dans les trames, et subtilement manipulables, marionnettes inspirés ils inspireraient eux-mêmes les mouvements et les directions, offrant de nouveaux points cardinaux aux peuples des mondes, aux masses amorphes qui coulaient dans les ravins de l'histoire lentement, lourdement, comme une lave épaisse, déjà bien refroidie, et pourtant encore incendiaire, allumant des brasier le long de son corps de serpent noir et rouge et au bout de ses doigts fureteurs cherchant la pente de la facilité.

Oui, les voyageurs seraient honorés, adorés comme des poètes, ou haïs comme des prophètes. Qu'ils soient encensés et dorés dans une vie comblée, ou crucifiés et condamnés à un monde plat, ils seraient toujours au-dessus de la coulée informe et anonyme. Pourtant leur destin n'intéressait pas le mnémosyste, qui ne les considérait que comme de fragiles outils, tirant leur puissance de la bonne utilisation qu'en ferait le conseil.


Comme un arpège d'éther, l'appel frémissait le long des cordes sensibles des élus. Un frissonnent ténu et pourtant impossible à ignorer pour ceux à qui il était destiné. Un à un, ceux-là où qu'ils soient semblaient s'évanouir, se dissoudre jusqu'à la plus infime partie d'eux-mêmes, avant de pouvoir librement remonter le courant, argenté à leur sens désincorporés, et flotter entre les strates temporelles aux couleurs incertaines, pour atteindre le Sanctuaire d'où provenait ce fil d'Ariane.

Relâchée avant l'arrivée, l'amarre les aurait largués dans quelques vies imprévues, quelque part au fond de nul part, et les teintes fondues rendaient difficile d'entrevoir à l'avance les mondes possibles passant à leur porté, et les entourant, les caressant, les attirant doucement. Des tentations comme des appétits vers un orange sucré de couché de soleil, un grenat de fruits rouges, des soifs d'un vert de jeunes pousses, des bleus d'eaux profondes, s'enchevêtraient entre d'autres sensations plus malaisées, tiraillements de bruns inconfortables, tensions pourpres et violacées d'entrailles brûlantes, et toutes ces appétences cherchaient à retenir l'esprit dans son envol, à l'ancrer au hasard, l'empêchant en le captant de répondre à l'appel.

Si ce chemin là sollicitait moins les compétences d'un mnémosyste que les labyrinthes de sables, il n'en restait pas moins exigeant quand à leur volonté et leurs capacités à garder le cap en dépit de tout.

De là où il attendait ses invités le premier pouvait s'il le souhaitait observer les autres venir à lui, mais l'éthique voulait que l'on détourna les yeux, non pas qu'il y eut quelque honte à avoir, chacun ayant ses miasmes et merveilles portés par la personnalité, mais il n'était pas bien vu de trop se connaître les uns et les autres, pour éviter les contagions d'humeurs, et de ressentis. Les mélanges de couleurs d'âmes comme on disait étaient plutôt proscrits, pour permettre à chacun de créer sa couleur la plus pure, la plus individuelle et unique possible.

Ainsi chaque mnémosyste suivait sa propre voie, et créait ses propres sentiers de découvertes, les ajoutant à la trame des autres afin de porter plus haut la création et sa conscience.


Lune de Jour et Soleil de Minuit



Nadir & Zenith





Les images se surimprimaient, les arbres d'un vert étonnant apparaissaient et se superposaient jusqu'à devenir jungle foisonnante et impénétrable d'où s'exhalait un parfum vertigineux d'attirance et de danger. Les couleurs vibraient comme au commencement des mondes, l'air limpide donnait une netteté singulière à la scène, semblant la sortir d'un temps d'avant le temps des hommes, bien avant que leur histoire ne soit une préhistoire. Une époque mythologique, le rêveur le sentait, celle de la Grande Magie.

Le soleil glorieux du Zénith laissait couler sa lumière liquide à travers les frondaisons cyclopéennes, et les troncs, bien qu'alanguis de lianes, se tendaient vers l'astre majeur. Pourtant sans que le temps ne s'écoule de manière perceptible, la lune du jour, ronde et blanche comme l'argent, vint se glisser auprès de son céleste amant. La rencontre des deux globes lumineux dans ce ciel trop pur était l'apogée du moment. Et lorsque celle-ci passant devant lui éclipsa la clarté du monde, alors la protection de la forêt se fit soudain menaçante.

Le décor était à couper le souffle mais les acteurs apparaissaient bientôt. Les fleurs comme les corolles des papillons fermaient leurs ailes, tandis qu'eux se posaient, pétales que seul le souffle du vent faisait encore frémir, dans cet instant suspendu où ni plantes ni bêtes n'osaient plus respirer. Les bêtes magiques et les êtres plus évolués, agités, effrayés, ou bien saisis statufiés dans l'effroi, les oiseaux aux multiples couleurs éclatantes et maintenant éteintes ... Les bruissements, cris et appels, disaient le bouleversement du jour devenu nuit sans préambule.

Les créatures pensantes des gobelins aux géants, du plus petit farfadet à l'orc le plus menaçant, toutes ressentaient l'oppression formidable qui avait saisi le monde, et A'bh et Ma'bh dans le rêve commun aussi. Pourtant la chlorophylle plus lente dans ses réactions tentait de puiser dans l'humus noir du sol l'assurance que ce n'était pas encore Ragnarok, dans le sombre Nadir le réconfort face aux cieux tout aussi sombres.

Des torches alors s'allumèrent éclairant les lieux, et dans leurs jeux d'ombres et de lumières A'bh cru reconnaître les contours d'un temple étudié voilà longtemps, alors que l'ātman voyait dans l'encerclement des fûts géants de bois noirs celui d'un Stonehenge intemporel.

Les elfes se tenaient là, accompagnés de créatures plus petites et plus étranges encore, de rares hybrides annonçaient ce qui pourrait être un jour les prémices de l'humanité, et d'eux naîtrait les lointaines lignées de druides, les futures castes de prêtres. Ma'bh Og ne pouvait que deviner tout cela dans son propre rêve.

Au centre de cette clairière devenue temple végétal se dressait l'ent, et comme tous ses semblables indiscernable en genre, si ce n'est celui de l'essence de l'arbre dont ils assument la vie.
Les images s'entrechoquèrent à nouveau, du rituel des elfes pour sortir lea dryad de son arbre de vie, et créer le lien entre celui qui était au centre avec l'arbre-gardien et l'androgyne et verte créature anthropomorphe.

Par Morgane, Nimue et Merlin qui n'était pas encore de ce monde, l'elfe réalisait maintenant l'antique magie et le rêve devint sensation plus que vision, réveillant par la même les dormeurs dont les lèvres entre-ouvertes murmuraient encore des paroles insensées dans une langue inhumaine.

Les dernières visions apparaissaient dans l'esprit d'Amabhéus, sous des formes végétales de créatures qui semblaient plus proches de son ātman verdoyant que de lui. Mais une intime conviction se faisait au plus profond de lui que ce monde là remontait aux ancêtres de ses ancêtres. Et que sa venue sur l'archipel avait éveillé la magie atavique du sang, bouleversant ainsi l'hindi blanc qui ne voulait pas de l'héritage impur des barbares occidentaux. Pourtant l'évidence était là, et l'image s'était gravée en lui.

A'bh devait maintenant puiser dans toute les ressources que sa culture lui avait donnée à travers une vie d'ascétisme et de rituels hindous. Il espérait que ces racines là l'aideraient à assimiler le reste sans devoir perdre son identité indienne.




Signature
........... "Pousses-toi de mon Soleil." DiOGène ...........
Og, l'orc ancien aspect démoniaque du Mage Ogyart
Ma'bh, le Mahā-bhāra-ātman ou l'ātman, l'aspect divin élevé à la chlorophylle
Amabhéus, apprivoiseur de rêves et de magies primordiales.



L'Âme Tigre et Loup




En contrebas, entre les roches et les arbres tordus par le vent, une brume bleue prenait forme. La silhouette se glisse vers un bosquet un peu plus dense à l'abri du jour.

Alors que la nuit tombe, couvrant la montagne de son ciel d'étoiles à la nouvelle lune, la vapeur cyanée s'élève au-dessus des arbres. L'esprit du loup habite l'âme de celui qui se prépare à continuer son voyage dans les ténèbres et les chuchotements des bêtes nocturnes.
Sortant à découvert, il se place bien à l'aplomb de l'ermitage, dressé sur une haute pierre, et lance un appel long, déchirant ainsi la fausse paix de la nuit.
-«Hwouuuuuuuuuh!»

Il attend un moment, le regard vers le haut, puis s'élance s'évanouissant entre les ombres. En paix avec le monde, il court souplement vers demain, pleinement conscient de l'humus sous son pas élastique, des frôlements entre les branches, et des senteurs fortes de la nature. Rapide, l'esprit du loup se coule dans la nuit.

Le rêve avait été terrible et merveilleux.

Les litanies berçaient encore son âme, et parmi les délicates modulations, tout autant que les rauques onomatopées, il entendait le chant du monde, de son monde, perdu depuis longtemps. Les langues elfiques, et autres idiomes magiques naîtraient de ces mélopées organiques, et d'elles découleraient bien plus tardivement les gaéliques et les langues d'Avalon, et de Brocéliande.

Les antiques légendes faisaient partie d'un folklore familiale, qui restait réservé aux intimes. Au milieu des rouleaux de prières, des mandalas élaborés, des rituels tantriques sculptés dans les pierres des temples, sa lignée conservait de vieux manuscrits emportés par delà les mers par ceux qui les premiers s'étaient installés au Cathay. Ces trésors poussiéreux ne ressortaient que pour l'éducation des plus jeunes, un peu comme des contes et légendes exotiques, venus d'un pays de brouillard, ou l'air avait le frisson froid des fantômes et des faeries. L'éducation indienne formait un cocon, à l'extérieur, et tout autant au foyer, ainsi les petites graines celtiques n'avaient jamais germé. Pourtant le terreau de la mémoire les avait préservées.

Depuis son réveil, et sa prise de conscience, les visions, les souvenirs et les rêves apparaissaient, fantasmagories insaisissables, mêlant les somptueux paysages de la jungle aux personnages des contes arthuriens. Et dans ses nuits au sommeil agité, des brumes d'Albion sortaient des tigres, feulant de concert avec les barissements et les cris des oiseaux des forêts tropicales.

A moitié engloutis des Taliesin du passé psalmodiaient au rythme des ragas indien, lancinantes mélodies enroulant leurs ophidiennes répétitions au verbe qui faisait ressurgir ce qui avait été abandonné. Là où Morgane trouvait son chemin jusqu'à l'île enchanté, un cobra à six têtes se dressait, sphinx imprévu, accueillant le dormeur. Et du lac sur lequel Viviane veillait, des gavials et des makaras surnageaient, monstruosités au service de l'eau sacrée, et de sa déesse.

Les plaques tectoniques de la personnalité d'Amabhéus Oggyart s'entrechoquaient, provocant des vibrations dont il ne connaissait pas encore le solfège.

Était-ce là qu'étaient apparues les premières failles, avant le séisme qui avait courcircuité sa magie et son intellect, laissant une brèche ouverte où s'engouffraient depuis les souvenirs oubliés dans leur chaos splendide. Était-ce la raison de ce surplus d'enfance que concrétisait Og au dépend du mage qui avait été proche de la Singapore. Était-ce cela qui avait brisé la statue de lui-même, pour le faire renaître.

Comme une prière ou un mantra, Amabhéus se concentrait sur les quatres visages de Brahmâ, et méditait sur celui qui jamais n'est visible, caché toujours derrière celui qui, vous faisant face, l'occulte complètement.

L'âme du loup et du tigre étaient maintenant ses supports de voyage magique, créatures oniriques et montures initiatiques, se mouvant entre les mondes. Loup la nuit, félin le jour, il redevenait solitaire, s'écartant des communautés humaines, et se recentrant sur ses perceptions et ses visions.

Il avait choisi de reprendre son errance, et de voyager seul. Ni le loup, ni le tigre en lui, n'était fait pour la compagnie des hommes il le savait. Retrouvant ses instincts sauvages, il se camouflait. Ma'bh était en dormance pour une floraison hors saison, et Og avait toujours les zhyls. Amabhéus, lui, tâchait d'analyser ce qui lui arrivait, maintenant que cela avait éclos en pleine conscience. Il retournerait aux humains quand l'heure serait venue.

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